Flou et netteté : il était une fois…
Il était une fois, deux mondes qui se croyaient sur des bords opposés, si loin l’un de l’autre : le flou, imprécis et généreux car suggérant tout, et la netteté tellement parfaite… Ou pas car montrant sans détour l’imperfection dans la perfection.
Il était souvent mal-aimé pour ses contours mal définis, elle était respectée
pour son objectivité.
Il était indéfinissable, silhouette inconnue dans la nuit, elle était reconnaissable, visage baigné de lumières.
Pourtant, tous deux parlaient de la même chose ; une ville plongée dans le monde nocturne que celui des lumières venait éclairer afin de le montrer.
Et c’est dans ce mélange d’obscurité lumineuse que le flou et la netteté comprirent qu’ils pouvaient se compléter : lui pouvait éclairer une tour aux contours bien définis, elle pouvait montrer des gens sans que l’on puisse les reconnaître.
Elle pouvait suggérer parfaitement une fourmilière verticale, lui pouvait accompagner une âme solitaire sous la forme horizontale d’une rivière.
L’un sans l’autre, aucun de ces deux mondes ne pouvait exister ; leurs bords s’étaient rapprochés. La netteté et le flou se rejoignirent.
Mais, je vous en prie, pour être sûr que tout cela n’est pas juste une belle histoire, remontons ensemble le bord de ces deux mondes, faisons le chemin à l’envers, afin d’en avoir le cœur net… Ou flou.
Texte : Delphine Ader