Pierre Soulages, c’est le peintre du noir. Ou plutôt de la lumière reflétée sur le noir. « Le noir est l’origine de la peinture, rappelle-t-il, puisqu’il y a 340 siècles de ça, les hommes descendaient dans les endroits les plus obscurs de la terre pour peindre. C’est arrivé pendant des centaines de siècles ! Mais quand on se retrouve face à mes tableaux, on voit la lumière réfléchie par l’état de surface du noir. C’est tout un monde d’une variété absolue ».

Autant dire que ça passe mal sur un écran…

Je suis venue, j’ai vu, j’ai vaincu. Me baladant dans le musée Soulages, en sachant qu’il était quasiment impossible de photographier une réflexion de la lumière extrêmement variée, parce que la photographie simplifie tout cela, appauvrit toutes ces qualités de différence de lumière qui donnent des lumières différentes. La lumière vient du noir. Mes photos ne montrent jamais qu’un état. Enfin, si vous voyez avec les yeux, et non pas avec ce que vous avez dans la tête… Regardez bien, on voit de la lumière, et toutes les couleurs de la lumière que la peinture reçoit : bleu, bistre, orange… C’est cela qui m’intéresse. La lumière, mais reflétée, transmutée par le noir.

Je vous emmène dans une ambiance non traditionnelle du musée. Parce que le noir c’est d’un côté l’extrême, le sombre, il n’y a pas plus sombre que le noir et, à côté de ça c’est aussi une couleur lumineuse. Lorsque l’on met un noir par exemple à côté d’un gris, ou d’un blanc, le blanc paraît beaucoup plus lumineux et le gris paraît beaucoup plus clair ; le clair-obscur est fondé là-dessus finalement. On prend une couleur qui paraît obscure, on met une couleur encore plus obscure qui est le noir et, brusquement, elle s’éclaire ; donc c’est la lumière qui est en jeu. C’est une autre manière de la voir.

MARINE BOURLIER - LA LUMIÈRE SOULAGES

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